Accueil A la une La reprise pour s’offrir un peu de printemps : Trêve de plaisanterie !

La reprise pour s’offrir un peu de printemps : Trêve de plaisanterie !

 

Qu’ont donc fait les clubs pour meubler ces coupures intermittentes et à intervalles irréguliers ? Certains se sont adaptés en fonction des circonstances et d’autres ont mijoté un programme selon les moyens à disposition.

A l’arrêt depuis la fin de l’année 2023, la Ligue 1 a redémarré début mars 2024, après une interminable trêve de plus de deux mois avant de marquer une nouvelle interruption de près d’un mois, depuis la mi-mars, en attendant de reprendre le 13 avril. Ça, c’est juste pour le play-off  de la Ligue 1 dont la reprise fut actée début mars. Côté play-out  par contre, et surtout en Ligue 2, le retard au réallumage a été long. Exemple, pour le play-out, un mois s’est écoulé entre la fin de la phase 1 du championnat et le début des barrages. En Ligue 2, les clubs ont même «bénéficié» d’une rallonge avec un championnat à l’arrêt depuis le 10 mars et un retour aux affaires prévu pour le 14 avril ! Après coup, qu’on ne vienne pas disserter sur  ces compétitions hachées, méditer sur le nombre en hausse de joueurs minés par les blessures et ruminer au sujet des effets de l’absence de compétition sur les performances des joueurs. Bref, les effets sont tels que les clubs sont pris dans une spirale négative qui conduit pour les moins solides à l’insolvabilité et même à la précarité à terme. Ça, c’est le côté obscur, un tourbillon qui n’est d’ailleurs révélé que quand les clubs touchés ne peuvent plus se dérober. En clair, quand les joueurs s’en remettent à la Fifa et au TAS pour impayés, ça apporte forcément des éléments de réponse en rapport avec la santé financière de l’institution sportive. Voilà pour les réactions en chaîne, sorte d’effet domino d’un championnat figé.

Cercle vicieux

Bienvenue donc dans le foot-business où la vérité n’est pas seulement sportive mais avant tout et surtout économique. Bref, aujourd’hui, en Tunisie comme ailleurs en Afrique, à peu d’exception près (les Ligues algérienne, marocaine, égyptienne et sud-africaine en partie), toutes les cartes sont rabattues quand l’environnement économique et la conjoncture deviennent défavorables et pèsent davantage sur le quotidien de clubs fragiles et exposés à la moindre secousse. Le cas de quelques joueurs de  clubs huppés, qui ont perdu patience et qui franchissent donc un cap en engageant des poursuites après maintes promesses passées et non tenues de percevoir leurs arriérés, en dit long. D’autres aussi ont finalement eu gain de cause après délibéré des instances de Zurich et même de Lausanne, alors qu’en même temps, les clubs ne sont pas pour autant sortis du cercle vicieux, car d’autres affaires à venir s’annoncent en attendant que les plaintes s’entassent, que le club ne fasse appel, que les plaignants  relancent et que la justice sportive ne tranche en dernier ressort. Et inutile de parler d’effet-levier dans nos contrées, car nous n’avons pas connaissance d’un club qui a utilisé son endettement pour augmenter sa capacité d’investissement ces derniers temps.

Effets d’entraînement et contrecoups

Il faut donc avoir les reins solides et toujours gagner en visibilité continentale pour faire sauter la banque et jouer toujours dans la cour des grands. Le cas contraire, reste l’option de se maintenir à un rang honorable, batailler pour une place d’accessit et se limiter à figurer et à juste participer. Et le cas échéant, l’attention des fans n’est plus détournée vers la seule gloire du club, avec des fans qui s’intéressent désormais aux finances de leur équipe favorite et, généralement, «le pot aux roses est vite découvert» après que les comptes ont été épluchés .Qu’ont donc fait les clubs pour meubler ces coupures intermittentes et à intervalles irréguliers ? Certains se sont adaptés en fonction des circonstances et d’autres ont mijoté un programme selon les moyens à disposition. On meuble donc son temps à coups d’entraînements et de matchs amicaux pour les plus entreprenants, tandis que d’autres sont quasiment à l’arrêt en raison d’une trésorerie déficitaire, ce qui pousse les joueurs à refuser de reprendre le chemin des répétitions pour impayés. Le temps de les dissuader, de montrer patte blanche, de réveiller leur fibre identitaire et d’éveiller leur sentiment d’appartenance tout en s’engageant à débloquer des fonds d’urgence s’ils refoulent le terrain annexe des entraînements. Aujourd’hui donc, vu que la plupart de nos clubs d’élite sont exsangues, s’organiser au mieux pendant une trêve prolongée n’est permis qu’à de rares privilégiés, quelques «happy few» de notre sport-roi qui se comptent sur les doigts d’une main, tandis que le gros des troupes n’a pas les moyens et devra se limiter à mobiliser et remotiver des joueurs qui cèdent tantôt à la lassitude, rongés de l’intérieur et consumés par l’ennui d’attendre…

Rythme particulier

Depuis quelque temps déjà, on s’organise donc comme on peut au camp de base de nos clubs pour meubler cette période réputée «transitoire». On trouve cependant le temps assez long et ça commence à faire beaucoup pour des sportifs de haut niveau. Une longue coupure, puis une deuxième encore qui s’étend sur plus d’un mois avec l’impératif pour les joueurs de toujours réadapter les organismes à l’exercice pour être fin prêts le jour «J». Refaire de la préparation physique pour accorder son corps progressivement (gainage et renforcement musculaire), c’est supposé être le planning observé à l’intersaison et ça intervient au printemps !

Ce faisant, la lassitude et la démobilisation partielle ne sont pas les seules répercussions d’une trêve mal engagée. Les joueurs ayant subi des blessures durant cet interminable arrêt en sont victimes avec un point de rupture atteint. C’est donc une trêve qui n’en est pas une, une goutte d’eau supplémentaire dans un vase déjà rempli à ras bord. Aujourd’hui, notre calendrier de Ligue 1 est déséquilibré via des fréquences infernales qui alternent avec une cadence irrégulière et «l’interruption des programmes» tout court. Rarement un tel agenda cette saison aura mis en exergue l’impasse dans laquelle se trouvent les acteurs du jeu, piégés par des calendriers fluctuants et inadaptés. Après une énième coupure, la compétition va donc bientôt reprendre. Une reprise qui s’accompagnera de nombreuses incertitudes, tant sur l’état physique des joueurs que sur leurs conditions mentales après une démobilisation pareille.

Maintenant, le mois d’avril à peine débuté, les clubs de l’élite et de Ligue 2 sont à l’aube d’un marathon sans précédent qui va s’étirer jusqu’au cœur du printemps. En l’état, ce qui tourmente les tenants de nos clubs, quitte à nous répéter, c’est l’inconnue du physique, à l’exception de l’EST qui n’a pas baissé sa garde grâce à la C1. C’est donc une deuxième saison qui repart, avec les mêmes incertitudes et les mêmes inconnues. Densité des matchs un temps, puis  légèreté des rencontres la période qui suit, l’absence de cohérence impactera forcément la cohésion et l’homogénéité des différents groupes de joueurs. Clairement, cette énième reprise pas comme les autres intervient dans une saison qui est déjà particulière, avec un championnat en deux poules pour l’élite, puis un play-off et un play-out. Tout bien considéré donc, ce n’est certainement pas l’idéal pour nos clubs, mais espérons cependant que cela ne rendra pas la fin de saison moins passionnante, quoique le sort du championnat de L1 soit presque scellé…

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